L’abolition de la TSN : un signal d’alarme pour la souveraineté culturelle et numérique du Canada

L’abolition de la taxe sur les services numériques (TSN) représente bien plus qu’un simple ajustement fiscal : c’est un choix politique qui risque d’affaiblir la capacité du Canada à soutenir ses médias, à promouvoir sa culture et à garantir un espace d’information pluraliste et indépendant. Cette décision, prise dans un contexte de pressions internationales, envoie un signal d’alarme que nous devons prendre au sérieux pour l’avenir de notre culture, de nos médias et de notre souveraineté numérique.

 

  1. Une décision qui renforce l’importance de la Loi C-18 et du soutien aux médias locaux
    En l’absence de la TSN, la Loi C-18 devient plus cruciale que jamais pour garantir que les géants du numérique contribuent équitablement au financement de l’information canadienne. Mais la responsabilité ne s’arrête pas là : il est essentiel que les annonceurs et les citoyen.nes privilégient la publicité et la consommation de médias locaux. À performance égale, chaque dollar investi dans la publicité numérique locale est un geste concret pour soutenir notre écosystème médiatique et préserver la diversité des voix.
  2. Un risque accru pour la souveraineté numérique
    L’abolition de la TSN abaisse encore davantage les barrières à l’entrée pour les géants du numérique, fragilisant ainsi notre souveraineté numérique. Cela accentue la domination de plateformes étrangères sur nos données, nos contenus et notre économie numérique, au détriment de nos propres entreprises et talents. Face à cette domination croissante, il est impératif que le gouvernement propose rapidement de nouvelles mesures pour protéger la diversité culturelle et l’information de qualité, piliers de notre démocratie.
  3. Un appel et un besoin d’investir dans l’écosystème numérique local
    Le Canada et le Québec sont reconnus mondialement pour leur expertise en intelligence artificielle et en stockage de données. Il est impératif de tirer parti de ces atouts : investir dans nos talents, soutenir nos entreprises numériques et bâtir un écosystème local fort sont des conditions essentielles pour assurer une souveraineté numérique durable.
  4. L’urgence de repenser nos politiques publiques
    L’abolition de la TSN doit nous obliger à repenser nos politiques publiques pour protéger la diversité culturelle, soutenir l’innovation locale et défendre l’indépendance de notre espace numérique. Elle ne doit pas signifier l’abandon de la justice fiscale ni du soutien à la culture et à l’information canadiennes. Il est plus que jamais temps d’agir collectivement décideur.euses, annonceurs, citoyen.nes et entreprises pour bâtir un avenir numérique à la fois prospère, diversifié et souverain.

En finissant, nous tenons à rappeler l’existence du Mouvement média d’ici, initié en 2020 par l’Association des agences de communication créative (A2C), qui encourage les entreprises d’ici à consacrer au moins 25 % de leurs budgets numériques aux médias locaux. À ce jour, près de 170 entreprises ont répondu à l’appel. Joindrez-vous aussi votre voix pour assurer l’avenir de notre écosystème médiatique?

 

Luis Areas
Vice-président, stratégie de canaux et développement des affaires, associé, CARTIER
Administrateur, Association des agences de communication créative (A2C)
Président, Comité permanent des directeurs médias de l’A2C

 

Stéphane Mailhiot
Président, Havas Montréal
Président du conseil d’administration, Association des agences de communication créative (A2C)